INNOVO est une entreprise de fabrication de fixation en acier. Les clients proviennent d’industries variées qui ont des enjeux en matière de qualité, d’optimisation et de rentabilisation.
INNOVO a connu des déboires au cours des dernières années. Les investisseurs ont sommé les dirigeants d’entreprendre un programme de restructuration de manière à retrouver le chemin de la rentabilité financière.
Les patrons ont décidé de réorganiser certains départements comme pistes de solutions.
Ils ont jugé pertinent de nommer à des postes de contremaîtres, deux employés reconnus depuis des années comme étant parmi les meilleurs opérateurs de l’usine. Il s’agit de Nicole et André.
Lorsqu’elles ont été nommées à ces postes, les deux personnes étaient très enthousiastes. Dans cette phase initiale, la personne est habituellement très motivée et dédiée à son nouveau travail. Elle peut avoir une forte passion pour son emploi et s’investir émotionnellement dans ses responsabilités professionnelles.
Le profil ODASE de Nicole est le suivant :
Mode de stabilité : Optimisme réaliste / Discipline / Incertitude / Sens des Autres / Énergie moyenne
Mode de vulnérabilité : Optimisme réaliste / Inconstance / Incertitude / Sens des Autres / Énergie faible
Le profil ODASE d’André est le suivant :
Mode de stabilité : Optimisme réaliste / Discipline / Incertitude / Neutralité / Énergie élevée
Mode de vulnérabilité : Pessimisme / Inconstance / Rigidité / Indifférence / Énergie moyenne
Le choc de la réalité rattrape rapidement Nicole et André. Les deux constatent que le poste de superviseur est beaucoup plus difficile que ce à quoi ils s’attendaient.
Non seulement ils n’accomplissent plus le travail eux-mêmes, mais ils doivent le
faire accomplir par d’autres. Lorsque les crises se manifestent dans leurs départements respectifs, ils glissent en mode de vulnérabilité.
Hypothèses de menaces potentielles en mode de vulnérabilité*
*hypothèses inspirées des travaux de Christa Morille
Surinvestissement et négligence de soi : Au fur et à mesure que le temps passe, la personne peut commencer à se surinvestir dans son travail, en dédiant de plus en plus d’heures à ses activités professionnelles, en négligeant ses besoins personnels et en sacrifiant son temps de repos.
Déni des signes de stress : À ce stade, la personne peut ignorer ou minimiser les signes de stress et de surmenage qu’elle ressent. Elle peut croire qu’elle peut tout gérer et continue de s’impliquer intensément dans son travail sans prendre de pauses nécessaires.
Épuisement émotionnel et physique : À mesure que le stress s’accumule, l’épuisement émotionnel et physique commence à se manifester. La personne peut se sentir constamment fatiguée, émotionnellement vidée, et éprouver des difficultés à se concentrer sur les tâches professionnelles.
Dépersonnalisation et cynisme : Le burn-out peut amener la personne à développer une attitude détachée et cynique envers son travail, ses collègues ou ses clients. Elle peut adopter une attitude de désengagement émotionnel, se montrer distante et avoir une perception négative de son environnement professionnel.
Perte d’accomplissement personnel : À ce stade, la personne peut ressentir un sentiment de vide et de perte d’accomplissement dans son travail. Les succès passés ne procurent plus de satisfaction et l’estime de soi liée au travail diminue.
Épuisement complet et détresse : Enfin, la personne atteint un état d’épuisement complet où ses ressources physiques, émotionnelles et mentales sont épuisées. Elle peut éprouver de la détresse psychologique importante, se sentir dépassée et incapable de faire face à la pression professionnelle.
Vous êtes engagé à titre de consultant pour aider Nicole et André à développer leur Capital de Leadership résilient.
D’après vous, quelles seront les conséquences pour chacun d’eux lorsqu’ils seront en mode de vulnérabilité?
Quelles seraient vos recommandations comme stratégies de rebond?
Réponses possibles
Nicole
Hypothèses générales en mode de vulnérabilité
L’enthousiasme de Nicole risque d’être mis à mal. Elle doit se préparer à procéder à l’évaluation annuelle du rendement des employés de son secteur. Elle sait bien que la productivité est en déclin. Elle sent son énergie diminuer car cet exercice la répugne au plus haut point. Par surcroit, ces employés sont ses anciens collègues opérateurs. Elle craint les réactions hostiles des employés.
Hypothèses spécifiques à ODASE en mode de vulnérabilité
Optimisme réaliste : Elle sera capable de maintenir un équilibre entre les faits à démontrer et expliquer ainsi qu’être réceptive aux contre arguments des employés. Elle saura prendre en considération les contraintes, les difficultés, les obstacles et tous les facteurs d’échec possibles, sans les ignorer ni les minimiser. Elle prendra des décisions équilibrées dans un horizon temporel raisonnable.
Inconstance : Elle peut se questionner fortement par rapport aux valeurs auxquelles elle adhère. Ses valeurs continuent-elles à être en cohérence avec son travail ? Est-elle toujours motivée par les mandats et les enjeux auxquelles elle doit s’attaquer. Est-ce que les objectifs poursuivis valent la peine de l’effort à consentir ? Toutes réponses positives à ces questions mèneront à un engagement de sa part. Les réponses négatives la mettront sur le chemin du désengagement.
Incertitude : Elle risque de se sentir embarrassée devant la fréquence ou l’intensité des changements imposés. Le doute peut s’emparer d’elle quant à sa capacité de faire face aux situations, d’être à la hauteur. L’incertitude retarde souvent les processus décisionnels en lien avec les changements et augmente la probabilité d’avoir des opinions paradoxales sur l’ouverture aux changements.
Sens des Autres : Elle démontre une sensibilité aux autres. Elle saura se montrer ouverte envers autrui. Son niveau de confiance vis-à-vis des autres demeure élevé même en période de turbulence. Elle va privilégier plutôt la concertation et la collaboration que la compétition ou la confrontation.
Énergie faible : Elle connaît une baisse de son capital d’énergie. L’exposition à des surcharges mentales d’ordre professionnel et/ou personnel lors de périodes de turbulences conduit souvent à de l’épuisement. Il peut y avoir un manque à gagner entre les efforts à investir et l’énergie disponible.
Potentiel de rebond
Le potentiel de rebond de Nicole se situe de moyen à élevé. Elle peut compter sur deux forces en période de vulnérabilité soit : Optimisme réaliste et Sens des Autres. Le facteur le plus préoccupant est : Énergie faible. Elle doit absolument procéder au bilan de ses quatre réservoirs d’énergie : physique, mental, émotionnel et motivationnel.
Elle doit se doter de périodes de récupération qui lui permettront de regarnir les réservoirs qui fuient. Si elle y parvient, son potentiel de rebond augmentera énormément.
La seconde cible de travail sera l’Incertitude qui a un impact sur les capacités de raisonnement et devient un facteur inhibiteur de l’action.
Pour pallier à ce défi, Nicole peut utiliser le facteur Optimisme Réaliste pour réévaluer les attentes. Ceci permettra de contrer l’augmentation de l’anxiété.
Elle pourra aussi considérer le changement comme une démarche d’apprentissage continu dans son rôle de superviseure.
Elle peut aussi s’appuyer sur son Sens des Autres pour croiser les regards et les points de vue sur le changement demandé.
En situation d’incertitude, le pire qui puisse arriver c’est de rester isolé.
Si elle se met en mouvement à l’égard des cibles identifiées, elle saura garder le cap et rebondir en périodes de turbulences
André
Hypothèses générales en mode de vulnérabilité
L’enthousiasme d’André pour son travail risque de diminuer. Il pourrait devenir incertain et hésitant à propos de ce qu’il doit faire pour bien faire accomplir le travail par ses employés. La qualité de la production dans son secteur pourrait en souffrir.
Il pourrait se demander s’il peut jongler efficacement avec tous les projets qui constituent sa charge de travail actuelle. Il pourrait douter de son Sentiment d’Efficacité Personnelle (SEP).
Hypothèses spécifiques à ODASE en mode de vulnérabilité
Pessimisme : Il aura tendance à anticiper et prédire que les choses vont mal tourner dans un avenir plus ou moins rapproché. Cette façon d’agir peut l’amener à prendre de mauvaises décisions et faire de mauvais choix. Il pilote sa vie professionnelle sur une ligne de temps à court terme.
Inconstance : Il est quelque peu en déroute par rapport au sens qu’il donne à son travail. Le débordement ressenti face aux défis nombreux peut le mener sur le sentier de la perte de sens. Il se mettra en quête de sens et s’il est incapable de redonner du sens à ses activités professionnelles, il aboutira dans le non-sens et glissera éventuellement vers le désengagement.
Rigidité : Il risque de s’opposer à l’intensité ou à la fréquence des changements demandés. Il valorise des méthodes et des techniques qu’il connaît, qui ont fait leurs preuves et démontré leur utilité. Plutôt que d’en essayer de nouvelles, il risque de devenir encore plus ancré dans ses habitudes.
Indifférence : Il aura tendance à porter des jugements négatifs sur les autres. Il peut devenir suspicieux et revanchard. Il y a possibilité de la présence d’une certaine inhibition sociale. Ces agissements risquent d’entraîner des comportements de méfiance à son égard de la part de ses employés. La confiance constitue le ciment de l’équipe, si celle-ci est fragilisée, il y a risque d’instaurer un climat propice à la méfiance permanente.
Énergie moyenne : Il subit un certain affaiblissement de son capital d’énergie. Son niveau de vitalité peut être en yoyo avec des poussées énergétiques suivies d’une certaine apathie. Un sentiment de culpabilité peut apparaître face à un affaiblissement du niveau d’énergie. Certaines personnes peuvent se sentir coupables de ne pas pouvoir faire face à leur charge de travail avec la même intensité habituelle.
Potentiel de rebond
Le potentiel de rebond d’André se situe de faible à moyen. Les facteurs Pessimisme, Rigidité et Indifférence mettent en péril le potentiel de rebond.
Le Pessimisme va produire une contamination négative chez les employés de son secteur.
Il va se mettre à douter de sa capacité à aborder des situations difficiles et stressantes. Il ne se sentira en pas en sécurité, même dans un contexte connu et habituel. Après avoir vécu une situation stressante, il éprouvera des difficultés à se calmer et à se ressourcer. Son pessimisme risque de produire chez lui, un univers mental constitué d’inquiétudes, de soucis, de dangers, de menaces, de crises et de problèmes, où il n’y en a pas nécessairement.
La Rigidité l’amènera à vouloir exercer un contrôle absolu sur son environnement et à refuser toute nouveauté.
Il va se préoccuper de façon excessive des façons coutumières de faire les choses.
Il sera « à cheval sur les principes » et considèrera que les règles et les consignes doivent être appliquées strictement sans tenir compte des circonstances ou des besoins.
Il aura du mal à déléguer, car il ne fait confiance qu’à lui-même. Ce qui vient recouper le facteur Indifférence qui le caractérise aussi.
Sa résistance au changement en temps de turbulences peut provenir de deux sources.
La première source est extérieure à André. Il peut se questionner sur la pertinence du changement, se dire que l’entreprise n’a pas terminé d’implanter le changement précédent et qu’on en impose déjà un nouveau. Il peut se demander s’il a tout le savoir et le savoir-faire requis pour accueillir ce changement. Il peut s’interroger sur la disponibilité et la facilité d’utilisation des outils et des techniques requises par le changement.
La seconde source de résistance est intérieure à André et concerne la peur d’être embarrassé. C’est-à-dire, le sentiment de ne pas être à la hauteur. Ceci se traduit fréquemment par des comportements excessifs de contrôle afin de ne pas perdre la face.
La peur d’être embarrassé peut faire en sorte qu’André voudra prendre en charge au-delà de ce qui est nécessaire, mettre en place beaucoup plus de procédures que ne le demanderait la réalité et manifester peu de tolérance à la prise de risque.
Évidemment, les deux sources de résistance peuvent être présentes en même temps chez un individu.
L’Indifférence pourrait amener André à aborder les relations interpersonnelles avec froideur, scepticisme, combativité et même selon les circonstances, avec antagonisme. Dans les relations avec ses employés en périodes de turbulence, il reste centré sur lui-même,
Il pourrait avoir tendance à être sceptique et à douter des intentions d’autrui. Il coopère moins, et défend davantage ses intérêts que ceux du groupe. Il devient en général distant et peu sensible au bien-être d’autrui, ce qui donne parfois l’impression d’être indifférent aux autres.
Pour rebondir André doit se mettre en action en premier lieu à l’égard du Sens des Autres. Si l’énergie de solidarité est absente de son équipe, la productivité va baisser.
Il doit travailler sur ses critères de confiance à l’égard d’autrui. En période de vulnérabilité, il aura tendance à ignorer les repères nécessaires à la vie d’équipe soit : respect des règles sociales et empathie (compréhension et respect d’autrui).
En période de turbulence, le Sens des Autres devient un fardeau pour André. Il le perçoit comme une contrainte qui s’applique seulement aux autres ; lui, préfère s’en abstenir.
La seconde cible de travail prioritaire est le Pessimisme. Ce comportement d’André l’amène à ne s’intéresser et ne retenir qu’un certain type d’informations : les informations négatives. Ainsi, il filtre l’information et confirme que ça va mal.
Il doit mettre en place un processus de reconstruction cognitive (confrontation des biais cognitifs) qui lui permettra de s’éloigner des pensées irrationnelles et de modifier ses automatismes psychologiques en prenant en compte les faits mesurables et observables.